Dans l’édition N° 6574 du 19 avril 2018 de votre journal (le pays), vous avez publié une lettre que j’ai adressée au Président Blaise Compaoré, relative à mon éventuelle démission du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Vous semblez avoir tiré de la teneur de ce courrier la conclusion qu’elle contredisait la récente déclaration que j’avais faite dans une interview à votre journal, affirmant que je n’avais pas démissionné du CDP. Pour la juste information de vos lecteurs et des militants de notre parti, je vous prie de bien vouloir publier la mise au point suivante :
1 – Non, je n’ai pas démissionné du CDP. Pour qu’une telle mesure soit effective, il aurait fallu que j’adresse une correspondance dans ce sens au Président du parti. Il n’existe aucune lettre de cette nature, pour la raison simple que je ne l’ai pas écrite.
2 – Oui, j’ai adressé un courrier à caractère privé au Président Blaise Compaoré pour lui faire part de mon désaccord sur la conduite du parti, qui est de notoriété publique et pour l’informer de mon souhait de me retirer du CDP, avec son accord, après l’achèvement de la mission de la commission ad hoc dont j’ai présidé les travaux, avec le concours de camarades dévoués aux intérêts du parti. Cette démarche relève, à mes yeux, de la courtoisie élémentaire envers un homme pour qui j’ai le plus profond respect et qui m’a témoigné constamment sa confiance, de même que son appui, tout au long des péripéties d’une lutte politique difficile pour la survie et le redressement du CDP. En vertu d’une décision du Bureau politique du CDP, la mission de la Commission ad hoc prendra fin à l’occasion du prochain congrès ordinaire du parti. A cette date, la Commission aura effectivement terminé l’essentiel de sa tâche, avec des résultats tangibles, reconnus de tous. Par ailleurs, le Président Compaoré m’a fait savoir qu’il souhaitait s’entretenir directement avec moi du contenu de ma correspondance, aussitôt que les circonstances le permettront. Cet entretien n’a pas eu lieu à ce jour, pour des raisons évidentes liées au procès dans lequel je suis impliqué. Il s’ensuit qu’aucune conclusion ne peut être tirée de ce document, concernant ma situation au sein du CDP.
3 – Pour toutes ces raisons et par devoir de solidarité envers les nombreux militants qui ont foi dans ce parti, j’ai donc choisi de poursuivre mon engagement politique à leurs côtés, au sein du CDP, jusqu’à ce que les circonstances m’amènent à en décider autrement. J’ai bien conscience que dans cette période un peu tumultueuse d’avant-congrès, certaines personnes désireuses de me voir quitter le parti au plus vite (même si je ne suis candidat à aucune fonction), s’activent à précipiter le mouvement en multipliant les annonces de ma démission dans la presse et les réseaux sociaux. Je n’ai pas besoin du service de ces attachés de communication zélés et anonymes. Si je décide un jour de quitter le CDP, comme est libre de le faire n’importe quel militant du parti, je l’annoncerai moi-même, suivant le calendrier et la forme que j’estimerai appropriés.
4 – Evidemment, je suis choqué par la divulgation de ce courrier privé, à des fins manifestes de basse politique. Cette méthode est une violation outrancière du secret d’une correspondance privée. Pour dire vrai, je n’en suis pas surpris outre mesure, parce qu’elle illustre aussi une dérive crapuleuse qui semble malheureusement avoir cours dans notre parti, depuis quelque temps, à laquelle je veux espérer que le prochain congrès saura mettre un terme. Je reste confiant dans la loyauté, la lucidité et l’esprit de responsabilité de la grande masse des militants du CDP, pour trouver la voie d’un sursaut salutaire.
Léonce Koné
Deuxième Vice-Président du CDP
Président de la Commission ad hoc