Procès du Putsch: La CDAIP exige la création de tribunaux spéciaux

Ceci est une déclaration de la Coordination des comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou.

Le peuple burkinabè vit un tournant important de son histoire avec le procès des putschistes qui, ouvert depuis le 27 février 2018 a été suspendu par deux fois et devrait normalement reprendre le 09 mai.

Ce procès, qui représente l’espoir de tout un peuple de voir pour une fois ses bourreaux répondre de leurs actes, pourrait accélérer la crise révolutionnaire que traverse notre pays et pire, déboucher sur un coup d’état contre-révolutionnaire violent ou sur une guerre civile réactionnaire. La raison est que notre peuple refuse d’être gouverné comme avant et les différentes fractions bourgeoises n’arrivent pas à s’entendre sur le partage du gâteau néocolonial.

La lutte pour le pouvoir est le niveau le plus élevé de la lutte politique dans une société de classes. Ainsi, les différents clans de la bourgeoisie disposent chacun de son agenda propre pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Ainsi, le MPP et ses alliés veulent faire du procès du 27 Février un moyen de consolider leur pouvoir en écartant définitivement toutes les forces rivales. Le CDP et ses alliés veulent en faire le point de départ de leur reconquête du pouvoir, compte tenu du profond discrédit qui frappe le régime du MPP.

Ils sont impatients de revenir aux affaires et s’y préparent activement C’est dans ce cadre qu’il faut inscrire l’agitation actuelle du CDP : récents meetings de mobilisation dans les régions organisés par Eddie KOMBOIGO et leur dernier congrès. D’autres forces telles que ceux qui ont animé la transition ont gouté au pouvoir avec l’ex Premier ministre Yacouba Issac Zida et préparent également dans l’ombre leur retour, avec l’appui de l’impérialisme Américain. Les FDS (Forces de défense et de sécurité, ndlr) étant divisées, chacun de ces clans y a ses hommes qu’il compte mettre à contribution le moment venu, pour la prise du pouvoir ou son partage.

Les puissances impérialistes, la France en particulier, veulent que ce procès soit le moyen de tourner définitivement la page à la crise révolutionnaire et renforcer le statu quo néocolonial sous leur domination. Pour l’essentiel, la majorité de ces forces se seraient passées du procès pour directement aller à la réconciliation nationale qu’elle réclame à cor et à cri et sur tous les tons, n’eut été la vigilance du peuple qui a su sans cesse à travers ses organisations authentiques de lutte revendiquer l’organisation du procès.

L’objectif étant de réhabiliter tous les responsables des crimes économiques et de sang de : la barbarie de la 4èmeRépublique, des tueries des 30 et 31 octobre et 02 novembre 2014 et celles du 16 septembre 2015, les voleurs de deniers publics et les pilleurs du foncier urbain et rural, en toute impunité. Au regard des attentes diamétralement opposées de la bourgeoisie et celles du peuple, des agendas divergents des différentes fractions de la bourgeoisie et l’essor révolutionnaire des masses, ce procès pourrait être un cocktail explosif pour la paix sociale dans notre pays.

C’est pourquoi, les CDAIP appellent une fois de plus le peuple de Ouagadougou et environnants à la vigilance, au renforcement de son camp à travers ses organisations de lutte pour continuer le combat. Dans notre déclaration du 11 octobre 2017 pour protester contre la liberté provisoire accordée à Djibril BASSOLE qui sera transformée en résidence surveillée, nous notions ceci : « Les partisans de BASSOLE et de DIENDERE (ZAIDA et Cie) ont fini par nous avouer que ceux-ci sont les amis des terroristes en chantant sur tous les toits que s’ils sont libérés, les attaques terroristes contre notre pays vont cesser !

C’est pourquoi, en attendant que notre peuple en finisse avec le terrorisme par la voie révolutionnaire, les amis des terroristes doivent rester en prison et être jugés pour les assassinats des 30, 31 octobre, 02 novembre 2014, de septembre 2015, pour les dossiers Thomas Sankara, Norbert Zongo, Dabo Boukary et autres et pour leur complicité avec les terroristes qui endeuillent notre peuple. Ceci n’est pas négociable. » La survenue de l’attaque terroriste du 2 mars 2018 peut être inscrite, avec juste raison, dans le cadre des tractations politico-judiciaires au moment où le procès des putschistes s’est ouvert le 27 février dernier, procès pour lequel le peuple n’attend que la justice pour les martyrs. C’est pourquoi, les CDAIP exigent la retransmission radio télédiffusée du procès pour plus de transparence.

De ce procès tant attendu par le peuple et qui doit être celui des fractions putschistes dans l’armée et de leurs alliés civils qui ont martyrisé notre peuple depuis le coup d’Etat de 1966, les CDAIP avaient déjà noté dans leur déclaration du 11 octobre 2017 que le système judiciaire actuel était incapable d’apporter une justice véritable pour notre peuple pour les deux principales raisons suivantes :

1) Le système judiciaire en place est celui conçu par les bourgeois (civils et militaires) sous Blaise COMPAORE pour se protéger en écrasant les gens du peuple. On ne peut donc pas s’attendre à ce que cette justice juge les dignitaires du pouvoir de Blaise COMPAORE. C’est ce à quoi nous avions assisté avec la Haute Cour de justice qui s’est révélée être un instrument de diversion judiciaire du peuple. Et c’est le même scénario qui nous attend avec la justice militaire que les avocats des généraux BASSOLE et DIENDERE veulent casser !

2) Le pouvoir actuel a refusé d’aller dans le sens de la volonté populaire qui est de créer des tribunaux spéciaux pour juger les crimes commis lors de l’Insurrection et de la Résistance qui sont manifestement des crimes politiques, à l’image de ceux commis par Hissène HABRE au Tchad et les Nazis pendant la deuxième guerre mondiale. Et cela parce que ceux que le peuple veut juger sont, en réalité, des amis de ceux qui sont actuellement au pouvoir !

Les CDAIP soutiennent encore fermement que l’insécurité grandissante, particulièrement celle liée aux attaques terroristes, a pour principales causes : la domination impérialiste de notre pays (dont l’une des manifestations est la présence des bases militaires étrangères dans notre pays) et la culture de l’impunité face auxquelles le pouvoir actuel est totalement incapable.

La question posée et à résoudre par notre peuple, otage de la bourgeoisie dans toutes ses composantes qui l’ont pillé, réprimé et opprimé depuis plus de trois décennies est celle de l’alternative politique révolutionnaire, dont l’Insurrection et la Résistance ont ouvert la perspective.

Face à la situation actuelle d’insécurité sans précédent ,de parodie de justice et aux velléités de remise en cause des acquis de l’insurrection et de la résistance populaires par ceux que le peuple a chassés en 2014 et en 2015, la Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou appelle le peuple de Ouagadougou et des environs à un sursaut patriotique et révolutionnaire pour :

-  dénoncer et combattre les cellules terroristes dormantes et tous ceux qui veulent entrainer notre pays dans la guerre civile réactionnaire pour leurs intérêts de clan ;
-  exiger la création de tribunaux spéciaux pour juger les dignitaires du pouvoir de la IVème République pour leurs crimes de sang et crimes économiques ;

-  exiger du pouvoir actuel le renforcement des capacités de prévention et d’intervention de nos forces de défense et de sécurité pour la sécurisation de notre pays ;

-  exiger du pouvoir la satisfaction des préoccupations pressantes du peuple en matière d’emplois pour la jeunesse, d’eau, d’électricité, de logement.
Non à l’impunité, au terrorisme et à la guerre civile réactionnaire !

Poursuivons et achevons le chantier du changement véritable ouvert par l’insurrection populaire d’octobre 2014 !

En avant pour la mise en place des CDAIP !

Pour la Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou
Elie TARPAGA, Président
06 avril 2018

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