Le Procureur du Faso a animé une conférence de presse ce mercredi 23 mai 2018 à Ouagadougou sur le démantèlement du réseau terroriste à Rayongo dans l’arrondissement 11 de Ouagadougou. Les terroristes, de nationalité burkinabè et malien, projetaient une attaque dans le mois de juin 2018, selon le procureur. Voici l’intégralité de sa déclaration.
Depuis les attentats du 02 mars 2018 contre l’Etat-major Général des Armées et l’Ambassade de France au Burkina Faso, une équipe d’investigation des services de renseignements de la Gendarmerie Nationale et de la Police Nationale, des services de police judiciaire et l’Agence National de Renseignement a été mise en place. Le travail de cette équipe d’investigation a permis d’identifier la planque des présumés terroristes dans une mini villa dans le quartier Rayongo de l’Arrondissement n°11 de Ouagadougou.
Après avoir vérifié et confirmé l’information, une opération d’interpellation a été organisée dans la nuit du 21 au 22 mai 2018 et exécutée par l’Unité Spéciale d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (USIGN). Les individus, qui étaient au nombre de quatre (04) retranchés dans leur maison, ont refusé d’ouvrir leur porte après sommation ; au contraire, ils ont directement ouvert le feu. Il s’en est suivi des échanges de tirs nourris entre les éléments de l’USIGN et les occupants de la cour, qui ont duré jusqu’au petit matin avec un bilan de trois assaillants abattus, un capturé, un décès des suites de blessures du Maréchal des logis-chef OUEDRAOGO François de Salle de l’USIGN et six (06) blessés dont quatre (04) gendarmes et deux (02) civils.
Mon parquet abriant le Pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme a immédiatement ouvert une enquête de flagrance pour association de malfaiteurs terroristes, assassinats, tentative d’assassinats, vols aggravés, détention illégale d’armes à feu et de munitions le tout en relation avec une entreprise terroriste et pour financement du terrorisme.
Des constatations matérielles sur les lieux ont permis la découverte d’un véritable arsenal de guerre composé de deux (02) fusils de type AK47, un fusil mitrailleur PKMS, deux (02) pistolets automatiques, un (01) revolver, mille quatre-vingt-dix-sept (1097) cartouches de 7,62 et 9 mm, vingt-huit (28) chargeurs pour fusil AK47, des pains plastiques, des clous, des cordons détonants, des détonateurs, des grenades, des tenues militaires de l’armée burkinabè et de l’armée française, des appareils et du matériel de communication.
Plusieurs plaques d’immatriculation de vélomoteurs et de voitures, une motocyclette et un vélomoteur, un véhicule de marque Nissan Alméira du même modèle que celui utilisé contre l’Etat-major Général des Armées le 02 mars 2018 ont été découverts.
Les premiers éléments de l’enquête font ressortir que les quatre individus qui occupaient la villa depuis le 10 mai 2018, sont de nationalité burkinabè et malienne. Les burkinabè OUEDRAOGO Youssouf et SAWADOGO Abdoulaye alias Abdallah ont été abattus ; la troisième personne abattue, de nationalité malienne se nommerait SANDRA Malick ; la personne interpellée, de nationalité malienne également s’est présentée sous le nom de CISSE Mohamed.
De même il est établi qu’ils projetaient une attaque dans la capitale, courant mois de juin 2018 contre des cibles importantes.
Il faut souligner que le cerveau présumé du groupe, en la personne de SAWADOGO Abdoulaye alias Abdallah est impliqué dans l’attaque de la Brigade Territoriale de gendarmerie de Samorogouan du 09 octobre 2015. Il fait aussi partie du groupe de terroristes, démantelé dans le quartier de Kilwin le 23 octobre 2016.
L’enquête révèle également un lien entre les occupants de la villa et les assaillants des attaques terroristes du 02 mars 2018. Ils appartiendraient au même groupe terroriste (Al Mourabitoun, un des groupes terroristes composant le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (Nusrat al-Islam Wal-Muslim).
Une des plaques d’immatriculation trouvée dans la villa est celle du vélomoteur utilisé dans l’attaque de l’Etat-major Général des Armées. Une autre plaque saisie dans la même villa renvoi à un véhicule aux caractéristiques identiques à celui de marque Nissan Almeïra qui a explosé au sein de l’Etat-major Général des Armées.
Il faut préciser également que pour des vérifications d’identité, plusieurs personnes (une trentaine) ont été maintenues à la disposition de la police judiciaire.
Nous tenons à féliciter nos Forces de défenses et de sécurité et nos services de renseignements pour le travail abattu et invitons par conséquent la population à une saine et franche collaboration avec les différents services impliqués dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.
Nous nous inclinons devant la mémoire du Maréchal des logis-chef OUEDRAOGO François de Salle, présentons nos condoléances à la famille éplorée et souhaitons prompt rétablissement aux blessés.