Instauration de l’IUTS : une annonce provocatrice et inopportune selon l’opposition

Le Premier ministre Joseph Marie DABIRE, invité de la 3e session du Bureau politique national (BPN) du MPP le 28 septembre dernier, a fait de surprenantes déclarations.

Il a notamment annoncé que, à partir du 1er janvier 2020, l’Impôt unique sur le traitement de salaire (IUTS) sera appliqué sur les indemnités et les primes des fonctionnaires.
Dans la forme, cette annonce est provocatrice et inopportune.

En effet, ç’eut été devant l’Assemblée nationale, haut lieu de la représentation nationale, ou au Conseil des ministres, ou encore lors d’une rencontre avec le monde syndical, la forme de l’annonce n’aurait pas posé problème.

Mais là, le Premier ministre DABIRE a fait cette importante déclaration dans une tribune partisane, en l’occurrence dans une instance du parti au pouvoir. Cela surprend beaucoup, vu que M. DABIRE s’est présenté dès sa nomination comme un homme de dialogue et d’apaisement.

En tout cas, cette sortie du Premier ministre, ou plutôt du militant-premier ministre, n’est pas de nature à adoucir le climat social.

Dans le fond, l’IUTS est déjà appliquée aux indemnités et primes dans le secteur privé. Les syndicats ont demandé la suppression de cet impôt dans le privé, ce qui n’a pas été accepté jusque-là.

Par contre, les indemnités et les primes de la Fonction publique sont exonérées de fait de l’IUTS. En effet, ce n’est qu’à partir d’un certain seuil que les indemnités de logement, les indemnités de fonction et les indemnités de transport sont frappées d’IUTS. Mais, dans les faits, rarement les indemnités dépassent ces seuils.

De ce qui précède, l’Opposition voudrait obtenir du Premier ministre DABIRE des éclaircissements :
-D’abord, sa décision signifie-t-elle qu’il y aura une levée de l’exonération sur les indemnités et primes des fonctionnaires ?
-Ensuite, cet impôt touchera-il le fonds commun qui est aussi une prime ?
-Enfin, combien cette mesure va-t-elle rapporter à l’Etat ?

Dans l’attente de réponses à ces questions, de notre analyse, l’Etat burkinabè est en difficulté financière, en partie du fait de la gestion chaotique du MPP et compagnie. Cette décision concernant l’IUTS vise en fait à diminuer les salaires des fonctionnaires pour boucher des trous.

Le MPP a pourtant octroyé des exonérations fiscales à hauteur de 200 milliards de francs CFA à ses amis du secteur minier.

Les caisses noires (fonds spéciaux) contiennent pourtant près de 250 milliards de francs CFA, soit près du dixième du budget annuel de l’Etat.

Par ailleurs, l’an passé, le régime du MPP a instauré l’abaissement des charges d’abattement de l’IUTS de 7 à 4 enfants, ce qui a diminué le pouvoir d’achat de beaucoup de ménages.

Ces mesures impopulaires viendront s’ajouter à la taxe sur les automobiles (la date limite de paiement c’était hier lundi), à l’arrivée de nouvelles plaques d’immatriculations, à la flambée des prix des produits de grande consommation.

L’Opposition exige de ce fait, avant l’exécution d’une quelconque décision sur l’IUTS, qu’un bilan soit fait des exonérations accordées par l’Etat burkinabè depuis les dix dernières années.

Il existe bien des niches fiscales qui pourraient rapporter de gros sous à l’Etat. Il faut donc que le régime du MPP cesse de s‘acharner sur le pauvre citoyen qui peine à joindre les deux bouts.

Extrait de la déclaration liminaire du point de presse du CFOP

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