Sécurité: l’UNAPOL explique les raison du repli des éléments de la police de Tongmayel vers Djibo

Dans un entretien accordé à nos confreres de Wat Fm, le secrétaire national chargé de la formation de l’UNAPOL a expliqué les raisons du repli des éléments de la police nationale du commissariat de Tongomael (Soum) et la nécessité de mettre à jour « la puissance de feu » de la police par rapport au nouveau contexte sécuritaire.

WAT FM : Il nous est revenu que la totalité des agents de police se sont retirés de Tongomayel et se retrouve maintenant à Djibo, est-ce que vous confirmez cette information.

Lassina Traoré : En effet nous avons constaté il y a quelques jours sur les réseaux sociaux et aussi par des rumeurs que les éléments d’intervention en mission au commissariat de Tongomayel ont effectué un repli sur Djibo. Nous avons vérifié l’information et nous nous sommes rendus compte après vérification que c’est exact. La position de Tongomayel a été abandonner par les éléments d’intervention de la police qui se trouvent maintenant au niveau de la ville de Djibo.

WAT FM : Alors qu’est-ce qui peut expliquer ce retrait quand on sait que, courant novembre les mêmes éléments de la police ont mis en déroute des assaillants qui voulaient lancer une attaque sur le commissariat de Tongomayel.

Lassina Traoré : En effet, le mois surpassé, les policiers de ces unités ont avec bravoure, courage, affronté des assaillants qui essayaient de les assaillir et les détruire. Ils ont pu repousser l’attaque et garder la position. Toute chose qui a été fortement applaudit et on s’attendait à ce que par la suite, certaines doléances soient prises en compte, afin que les éléments soient mieux outillés pour pouvoir défendre cette position qui est une position de première ligne. Mais seulement ce que nous pouvons dire c'est qu’il y a un certain nombre de raison qui explique ce retrait. D’après les renseignements que les policiers sur les lieux avaient, il y a une attaque imminente qui était en cours. Des individus armés ont été signalés dans la zone et les policiers se préparaient à défendre la position, mais ils exigeaient un certain nombre d’équipement. Mais s’ils ont bougé c’est parce que cet équipement-là n’est pas arrivé à temps. La preuve est que dès qu’ils ont quitté la position, ces assaillants ont saccagé ce commissariat, détruisant le matériel mobilier notamment les motos qui étaient restées sur place.
Deuxièmement, il y a cette question de puissance de feu (la force de frappe) parce que lorsque vous êtes devant un adversaire qui est lourdement armé, vous devez avoir la capacité de riposte, la force de frappe aussi, pour pouvoir tenir. Si ces assaillants sont revenus c’est parce qu’ils sont allés mieux s’outille puisque c’est une revanche. Pour ceux qui aiment le football on parle de match retour. Et vous savez que si un adversaire perd un match aller il se prépare pour pouvoir remporter la seconde attaque, et c’est cet assaut de grande ampleur qui se préparait et les policiers ont demander les moyens pour faire face à la menace et leur doléance n’a pas reçu de réponse favorable.

Il y a d’autres raisons que je vais citer. Au niveau de la troupe, il y avait la baisse de morale parce que quand vous êtes au front et que vous avez une famille derrière vous, en même temps vous avez des doutes à l’esprit, et ce n’est pas valable pour les policiers seulement, c’est valable pour tous les militaires, les gendarmes les forestiers les douaniers qui sont dans des zones dangereuses, des zones de conflits. Lorsque que vous êtes dans une telle position, où vous pouvez être attaqué à tout moment, où vous pouvez subir des assauts qui peuvent vous couter la vie, vous pensez à votre famille. Quel est l’avenir de vos enfants, quel est l’avenir de la veuve et des orphelins ? Cette question tant qu’elle nous taraude l’esprit on n’est pas tranquille. C’est vrai, je défends ma patrie, mais si je dois rester sur le champ d’honneur, qu’au moins ma famille soit à l’abri du besoin ? Je crois que ces questions sont toujours en suspend, elles n’ont pas encore trouvé de solution. Il y'a des discussions qui sont en court avec le gouvernement et qui tardent à trouver des réponses favorables. Je pense que cette situation ou cette léthargie est de nature à saper le moral de la troupe. C’est ce découragement qui peut en partie expliquer ce que nous vivons actuellement au niveau du commissariat de Tongomayel.

WAT FM : Commissaire, justement parlons d’armement, en quoi celui que vous avez n’est pas adapté à votre mission ?

Lassina Traoré : L’armement dont nous disposons actuellement était valable pour certaines missions comme celle de répression du grand banditisme. Nous avons combattu dans certaines zones notamment à l’Est, les bandits qui écumaient cette zone, et avec pas mal de résultat. Aujourd’hui la menace a changé de visage, l’ennemie ne cherche pas à arrêter un car et à braquer les honnêtes citoyens. Aujourd’hui ce sont les forces de défense et de sécurité qui sont attaquées et quelquefois, dans leurs propres bases. Les commissariats sont attaqués, les brigades de gendarmeries sont attaquées. L'on a connu des attaques en plein cœur de Ouaga, au niveau de l’état-major général des armés. L'on dit à contexte exceptionnel moyens exceptionnels, c’est pourquoi, nous demandons aujourd’hui que la puissance de feu de la police soit augmentée, en la dotant d’un certain type d’armes dont elle ne dispose pas actuellement. Quoi que l'on dise, Tongomael est une zone de guerre. A ce niveau il y a une confusion que j’aimerais taire. On lit sur les réseaux sociaux que la police réclame des armes lourdes. Non. La police ne réclame pas des armes lourdes. La police réclame des armes légères à même de leur permettre de faire face à la nouvelle situation.

WAT FM : Alors commissaire Traoré vous avez parlé tantôt de texte, que disent les textes en matière d’armement des différentes forces ?

Lassina Traoré : Juridiquement au Burkina Faso, nous n’avons pas trouvé de textes qui limitent la puissance de feu de la police. Je ne vais pas parler de l’armé car je ne suis pas de l’armé ; je suis policier. Il n’est pas écrit quelque part qu’au-delà de la Kalach la police ne peut pas utiliser d’autres armes. Nous avons constaté que dans la plupart des autres pays du G5 sahel, la police est dotée de ce type d’arme. C’est le cas du Niger et aussi du Mali. Nous disons qu’on peut s'en inspirer.

WAT FM : Alors qu’est-ce qui bloque la dotation de vos unités en armement adéquat?

Lassina Traoré : Le blocage selon UNAPOL est imputable au gouvernement. C’est le gouvernement qui décide d’ans un Etat de droit. En matière de démocratie il existe la séparation des pouvoirs et au nom de ce principe la sécurité et la défense relèvent du pouvoir exécutif qui est confié au gouvernement. Que ce soit l’armée, la police nationale, la garde de sécurité pénitentiaire, les eaux et forêts ou les douanes, toutes ces forces appartiennent au gouvernement. Elles sont au service du gouvernement. Et aujourd’hui nous disons que si la question de l’armement tarde à trouver des solutions, c’est parce que le gouvernement n’a pas encore pris la question au sérieux. Il ne s’est pas sérieusement impliqué dans la résolution de ce problème.

WAT FM : Commissaire, en plus du cas de Tongomayel d’où vos éléments se sont retirés est-ce que on peut s’attendre à un autre retrait ?

Lassina Traoré : Je ne saurai répondre par l’affirmative à cette question mais l’idéal est que toutes les entités maintiennent leurs positions parce qu’il ne faut pas ouvrir les brèches exploitables par les terroristes. La menace a atteint un degré aujourd’hui où il n’est pas question de donner à l’ennemie le sentiment que nous commençons à encaisser le coup, que nous sommes essoufflés et que nous avons envie de nous arrêter.

WAT FM : Alors commissaire Traore lors du conseil de ministre extraordinaire du 31 décembre 2018 le président du Faso a instauré l’état d’urgence dans certaines régions du pays, quel commentaire faites-vous à cela ?

Lassina Traoré : Instaurer l’état d’urgence est une mesure parmi tant d’autres pour lutter contre le terrorisme. L’Etat d’urgence un outil juridique. Toutefois nous nous posons plusieurs questions : est ce que les conditions ont été réunis pour l’application de ce texte ? Nous au niveau du syndicat, nous n’avons pas été saisi ni par la direction générale de la police nationale ou par le ministère de la sécurité par rapport à la mise en application du décret sur l’état d’urgence. C’est pourquoi j’estime qu’il faut aller au-delà du texte, il faut réunir les moyens, les conditions, nécessaires pour que l’état d’urgence puisse produire les résultats qui vont permettre de garantir la sécurité nationale et permettre à la population de vivre en paix. Toute chose qui nous permettra de penser au développement économique de notre nation.

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