Procès Gouvernement TIAO: Les familles des victimes s’inclineront devant le verdict du Conseil constitutionnel

Dans la déclaration ci-dessous, les familles des victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et du coup d’Etat du 15 septembre 2015 en appellent à un procès équitable. Quant à leur souhait de se constituer partie civile, elles disent s’en remettre au verdict du Conseil constitutionnel.

Nous avons conformément à la Constitution introduit une requête pour demander au Conseil constitutionnel de se prononcer sur le fait que les victimes ne peuvent pas se constituer partie civile devant la Haute cour de justice.  Tout en saluant la décision de la Haute Cour de justice de se référer au Conseil constitutionnel qui doit se prononcer sur notre requête de pouvoir  se constituer partie civile  dans le procès de l’insurrection et aussi se prononcer sur les requêtes des avocats de la défense, nous  déclarons ce qui suit.

Dans un pays de droit, la justice doit être la même pour tous. C’est la raison pour laquelle  la force politique dominante de l’époque en 1995 a créé la Haute cour de justice pour connaître des faits commis par les ministres et le président du Faso.  Et c’est cette Cour qui est appelée aujourd’hui à juger ses propres géniteurs. Malheureusement, dans son fonctionnement, la victime est expressément exclue de la procédure faisant entorse à l’équité dans un procès, à l’égalité de tous devant la loi.

Cette Cour a été créée aux yeux et au nez de tous les spécialistes, avertis et professionnels du Droit. Pourquoi tous ces intellectuels n’ont-ils pas pris le soin, en son temps, de tirer la sonnette d’alarme sur les irrégularités constitutionnelles d’une telle Cour et les dénoncer ? Cet état de fait nous donne l’impression que quand on a ses intérêts qui pèsent d’un côté aujourd’hui, on se tait, on laisse passer et demain quand ça bascule, on dénonce. Pour dire que les spécialistes du Droit comme tous ont un grand rôle à jouer pour faire avancer la gouvernance dans ce pays et l’équilibre des institutions républicaines. Nous avons entendu un des avocats de la défense déclarer que « mêmes les droits des victimes sont violés ». Nous lui disons merci, car malgré sa position de défenseur de l’accusé, cette dernière a apparemment compris que l’on fait du tort  aux veufs, veuves et orphelins dans ce procès.

Malgré tout ce qui lui est reproché, nous acceptons ce Tribunal d’exception créé par le président du Conseil supérieur de la magistrature de l’époque, l’ex-président, Blaise Compaoré lui-même aujourd’hui mis en cause.

Mais notre motivation première reste et demeure la manifestation de la vérité par le Droit. Ni vengeance, ni rancœur, ni esprit politique, c’est dans le respect des droits de chaque partie, accusés tout comme  victimes que la justice triomphera des préjugés qu’on lui porte à tort ou à raison. C’est la raison pour laquelle nous avons demandé à nous constituer partie civile pour aider à la manifestation de la vérité. Dans tous les cas, nous allons nous incliner devant le verdict qu’aura prononcé le Conseil constitutionnel, seul juge de cette question. Mais, que l’on ne s’y trompe pas ; ce sont plusieurs familles qui demandent justice et par ricochet un peuple qui aussi demande justice pour ses martyrs lâchement assassinés par la faute d’un conseil de ministres ayant pris une mauvaise décision ; celle de modifier contre vents et marées notre Constitution afin de permettre à Blaise Compaoré de se maintenir indéfiniment au pouvoir. A l’époque, pas un seul des mis en cause n’a daigné attirer l’attention du chef du gouvernement et du président Blaise Compaoré de l’inopportunité d’une telle loi. Nous faisons donc confiance à la Haute cour de justice, à ses juges sur qui repose ce grand rendez-vous de l’histoire de la Justice burkinabè. Nous faisons confiance à la responsabilité des mis en cause dans ce procès, car en tant que familles victimes, nous sommes tous là en ce qui nous concerne surtout, non pour une victoire de l’un au détriment de l’autre, mais la victoire sur nous-mêmes, à savoir nous rendre mutuellement meilleurs pour le futur de la société burkinabè et nous disposer pour le bien de la communauté au quotidien en prenant acte de la justice.

L’économie de la mort des  Burkinabè quelles que soient les circonstances lors de l’insurrection aurait pu être faite en évitant légitimement et éthiquement de sombrer dans le désir du pouvoir à vie sans partage à la faveur d’un tripatouillage constitutionnel. Les responsabilités sont diverses et partagées et il appartient à chacun de s’assumer et de s’incliner  honnêtement devant la sienne. Bref ! Quelle que soit l’issue de ce procès, en dehors de la justice des hommes, la justice de Dieu se fera.

Absolument !

Fait à Ouagadougou, le 18 mai 2017

Les Familles des victimes

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